Comment êtes-vous entré(e) dans votre entreprise ? Les enseignements des enquêtes Emploi 2003-2011

"Comment êtes-vous entré(e) dans votre entreprise ? 
Les enseignements des enquêtes Emploi 2003-2011"
(Chiffres tirés de l'enquête de Géraldine Rieucau)
Source L'Express
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Les trois quarts des emplois sont pourvus grâce à des candidatures spontanées, 
du réseau ou de la réembauche. En France, seuls 7% des recrutements 
sont des réponses à des offres, 10% de Pôle emploi. 
"Cette proportion est très stable depuis que l'Insee a introduit 
dans son enquête une question sur le mode d'accès à l'emploi, en 1990", 
note Géraldine Rieucau. Voilà qui distingue l'Hexagone de voisins 
comme le Royaume-Uni, où la majorité des recrutements (25 à 30%) 
est imputée à des offres, et de l'Espagne, où priment 
les relations personnelles et professionnelles. Comment l'expliquer ?
 
 Les modes de recrutement moins coûteux privilégiés
 Au-delà du "manque de confiance envers les institutions" et du "relatif sous-équipement du marché du travail", les candidatures spontanées sont peu coûteuses: "En cas de besoin, il est plus rapide pour les entreprises de piocher dans le stock des candidatures reçues que de passer une annonce." D'autant que les flux de réponses à traiter s'amplifient quand le chômage grimpe. Les employeurs privilégieraient donc les contacts directs lorsque le contexte économique se dégrade, mais aussi lorsqu'ils proposent des CDD. 
 
 Des annonces trop standardisées
 "Les embauches nouées grâce aux annonces (7%) ne décollent pas véritablement, alors que l'on aurait pu s'attendre à ce que les possibilités de diffusion ouvertes par Internet les affectent positivement", constatent Géraldine Rieucau et la sociologue Emmanuelle Marchal dans leur synthèse le Recrutement (éd. La Découverte). 
 Sur les portails d'emploi en ligne, les entreprises sont incitées à renseigner une série de rubriques "standard", du niveau en langues aux compétences informatiques. Résultat: elles ajoutent des critères et des repères chiffrés qu'elles n'auraient pas invoqués sans ces formulaires préétablis. 
 
 Les petites entreprises privilégient les réseaux
 Pour attirer des candidatures spontanées, encore faut-il bénéficier d'une certaine notoriété. Les PME ne peuvent pas si facilement jouer dans cette cour monopolisée par les grands groupes, mais face à l'énergie que suppose la publication d'offres, elles mobilisent d'autres raccourcis: les réseaux. Outre un gain de temps, ce canal favorise la confiance, qui incite les salariés à se porter garants des personnes cooptées. Il permet au candidat de discuter plus facilement le contour des missions. Inconvénient: le champ du recrutement se rétrécit: "Les gens ont tendance à recommander des profils qui leur ressemblent", explique l'économiste. 
 
 La candidature spontanée pour les profils atypiques
 Ces études sur le marché du travail montrent que chaque canal de recrutement favorise certains profils et certains types de postes. 
 Les annonces bénéficient plutôt aux diplômés, les réembauches sont, par exemple, plus fréquentes pour les missions d'ouvriers agricoles... De là à en extraire des conseils sur mesure pour la recherche d'emploi, il y a un pas. "Ces résultats ne peuvent être interprétés en termes d'efficacité: on ne considère que les démarches ayant abouti à une embauche", prévient Géraldine Rieucau. 
 Les entreprises peuvent néanmoins en tirer cette leçon: "Pour favoriser la diversité des profils recrutés, il est important de ne pas se focaliser sur un seul type de mise en relation." 
 Exemple dans la grande distribution, terrain privilégié de candidatures spontanées, où de grandes enseignes proposent de postuler via des portails en ligne plutôt que de se présenter en magasin. Un moyen de contrebalancer les "jugements arbitraires" sur l'apparence? "S'il devenait exclusif, le recrutement à distance pourrait pénaliser les chômeurs qui sont déjà les moins avantagés", note la chercheuse. Quid de ceux qui maîtrisent mal l'informatique? Quant à ceux qui affichent une faible expérience, ils pourront d'emblée valoriser leur savoir-être en remettant leur CV en mains propres. 
 Bref, les solutions en apparence les plus rationnelles ne sont pas forcément les plus à même de freiner les inégalités. 
 
 Consulter les petites annonces reste utile
 Peu d'actifs doivent leurs postes à des offres d'emploi publiées, mais beaucoup les consultent. Ce serait même l'un des réflexes les plus courants, et cela peut aussi orienter les candidatures spontanées. "Les démarches personnelles mordent sur d'autres canaux: on peut s'adresser à telle entreprise parce qu'on a entendu parler d'embauches dans un service, ou qu'on a vu plusieurs annonces émanant d'elle", relève Géraldine Rieucau, pointant les limites des catégories fixes. 
 Reste qu'entre la lecture d'une offre et la convocation en entretien, la déperdition de CV est énorme. Dans une étude avec l'économiste Guillemette de Larquier, Géraldine Rieucau évoque un "double filtre" : "Le profil des personnes qui consultent les annonces est bien différent de celles qui y répondent et (...) ce dernier diffère encore des personnes finalement embauchées de cette façon." 
 De fait, les offres d'emploi incluent des conditions de diplôme et d'expérience très précises, ce qui décourage les moins de 30 ans et les moins qualifiés. A contrario, les candidatures spontanées s'avèrent un moyen de contourner ces barrières
 
 Source : http://www.lexpress.fr/emploi/pourquoi-vous-ne-trouvez-pas-un-emploi-en-regardant-les-annonces_1579509.html?xtor=EPR-5029-%5B20141015182822_42_nl_lentreprise_zapping_8524_000STP%5D-20141016-%5BLire_l_article_complet_002FSK2%5D-%5BRB2D106H0014NTRA%5D-20141016043400#ArYIQQwKMTm7ybjU.99